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mes désirs sont désordres 2012

"En ce monde nous marchons
Sur le toit de l’enfer
Et regardons les fleurs."

Issa

La maison est rangée, la vaisselle récurée, le sol lessivé, les petits pantalons pliés…Je peux enfin retourner à mon désordre silencieux, à mes désirs en contradictions, à mes terres de consolations.

Il y a l’ordre. Il y a le désordre. Mes désirs sont désordres.

Je souhaite avorter des tragédies familiales, adopter les enfants perdus, enfanter des pommiers.

Je souhaite refuser de m’encombrer, faire de la place pour cueillir le présent…mais je ne cesse d’accumuler les secrets, de sauvegarder des quelconqueries, des trésors anodins.

Je souhaite prendre le plus grand temps possible pour dessiner une carte du tendre, puis retourner au plus vite à la grande sauvagerie, afin d’atteindre une impossible liberté libre.

Je souhaite donner, puis tout dévorer pour me retrouver seule éperdument.

Je souhaite allaiter mes ancêtres, laisser courir mes enfants-fleurs, fabuler une famille.

Je souhaite parler aux morts et faire chanter les vivants, unir l’espace du dedans avec le dehors.

Je souhaite rafistoler… mais j’effiloche, puis cicatrise.

Je suis éparpillée… sans arrêter de parsemer mon chemin de petits cailloux blanc.

L’ordre n’existe pas sans le désordre. Et contrairement à l’ordre, le désordre appelle le désir. Désir de vivre, de faire grandir, d’apprendre à aimer, de créer un monde de consolation.

La manie de l’ordre touche ainsi parfois à la névrose. Quand ma grand-mère a déclaré la maladie de la mémoire, elle s’est mise à recoudre les trous d’usure dans les serpillières. Comme une sorte d’hommage, je me suis donc mise à coudre…mais en laissant des trous, des vides. Le vide se propage également sur le silence du papier.

Si le jour appartient au travail et à l’ordre, la nuit blanche appelle le désordre, la vérité de la feuille vierge. Je dessine la nuit, à l’aube.

Dans la patrie des veilleurs, j’apprivoise les visages imaginaires de l’insomnie, je retourne inlassablement au verger de l’enfance, je cueille la rose galante et converse avec le dieu-cerf. Le secret serait-il de renouveler à chaque aube le vœu de bonté ? Mon univers fleurit ainsi dans le silence et chaque matin, je m’étonne et me réjouis d’être en vie, je ne m’y habitue pas.

Ainsi cultiver l’ordre et le désordre dans l’espace du dessin pour apprendre à décaper l’être de la couche d’usage et d’usure, afin de contempler ce qui se présente, de prendre le risque du printemps, de l’éclosion. Aller vers ce qui vient, les mains nues, le cœur simple, l’imaginaire au jardin sans anxiété ni impatience. La joie du vif plutôt que le poids du mort.

Ne plus tenter l’irréconciliable mais laisser cohabiter les extrêmes en veillant à l’équilibre précaire, chaque jour à rétablir. Le plein, oui, mais avec un vide où loger l’imprévisible. Le blanc, oui, mais avec le fourmillement des couleurs qu’il met en valeur.

En faisant place aux vides, faire place aux rêves pour assumer ses paradoxes et cultiver la tendresse pour aller vers une humanité réconciliée.

"Dans la multiple rencontre

faisons à tout sa part,

afin que l’ordre se montre

parmi les propos du hasard.

Tout autour veut qu’on l’écoute -,

Ecoutons jusqu’au bout ;

car le verger et la route

c’est toujours nous."

Rainer Maria Rilke, Vergers.

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