"Il y a de tout dans notre bûcher
Des pommes de pin des sarments
Mais aussi des fleurs plus fortes que l'eau
De la boue et de la rosée
Nocturne et en horreur a flambé le chagrin
Les cendres ont fleuri en joie et en beauté
Nous tournons toujours le dos au couchant
Tout a la couleur de l'aurore.
Il y a, dans les bois, des arbres fous d'oiseaux.
La neige fond dans la montagne.
Les branches des pommiers brillent de tant de fleurs
Que le pâle soleil recule.
Notre printemps est un printemps qui a raison."
Paul Eluard
Je prend le printemps avec précaution et je l’ouvre aux floraisons intérieures, entre jachères et germinations.
Je quitte le seuil du temps et entre dans une sorte de lithurgie silencieuse où se cotoient oiseaux, merveilles, femmes aimées, hermès dédoublés, bestiaires des ombres et tissages aux mille fleurs.
Entre les ailes et le pollen se mêlent les silences et les vides. Des croix et des cercles magiques tentent de délimiter le territoire du blanc inconnu. Mais, le territoire dessiné n’appartient plus à la géographie ordinaire, il est impossible à localiser sauf en le cherchant tout au fond de soi, là où gît le grand Songe, ou encore au plus haut de soi, à la fine pointe de l’âme.
Au Jardin secret se métisse la topographie infinie du corps.
Corps de l’enfance et corps de l’adulte. Corps vivant et imaginaire.
Le cœur quitte sa suspension et revient au centre du corps, au centre du jardin.
Je suis verger et cimetière. Le jardin a fleuri dans les louanges tacites.
Ainsi, le dessin est ex-voto, conjuration contre la peur.
Sortilège coloré. Rituel essentiel.
Le dessin cautérise et ourle la peur.
Le dessin est panseur de secrets.
Le dessin est devenu le sanctuaire d’une présence supplémentaire.
Il est compensation, consolation...Une possible réponse à un désir de vivre…
Au hasard des oiseaux…